a day ago
Nadir Hifi dernier écarté, un risque assumé à l'intérieur : les dessous de la liste de l'équipe de France pour l'Euro
Après le forfait sur blessure de Vincent Poirier, Nadir Hifi a été le dernier écarté des Bleus qui débuteront l'Euro. Le choix « le plus difficile » pour le staff de l'équipe de France, qui ne comptera par ailleurs que quatre vrais intérieurs.
On l'a aperçu ce dimanche en fin de matinée dans les couloirs de l'hôtel Pullman de Bercy, en pleine discussion avec les autres joueurs de l'équipe de France. Nadir Hifi avait la mine et le moral dissimulés sous son afro, encore sous le choc du couperet. Le sélectionneur Frédéric Fauthoux l'avait annoncé la veille au soir, après la victoire renversante contre l'Espagne (78-73) en amical de préparation à l'Euro (27 août-14 septembre) : il avait décidé d'« arrêter de jouer avec les nerfs des joueurs » et donc d'annoncer sa sélection de 12. Hifi en a été le dernier écarté. Timothé Luwawu-Cabarrot a lui été conservé au bénéfice de la blessure au genou de Vincent Poirier.
Un choix cornélien. « Nadir a été le choix le plus difficile, tant les joueurs sont proches », reconnaissait Fauthoux, le nouveau sélectionneur, toujours invaincu (8 victoires). Les joueurs ont été réunis dimanche matin pour leur faire part du verdict. « C'était complexe pour les joueurs aussi. Il fallait s'exprimer sur des temps de jeu courts. La concurrence aurait pu les rendre fébriles. J'ai trouvé au contraire qu'ils ont bien performé, chacun dans son registre, dans une ambiance excellente. On a fait le choix de la complémentarité. Parmi les trois, quatre extérieurs, il fallait des qualités différentes. On a estimé que l'association Matthew (Strazel), Élie (Okobo), Théo (Maledon), Sylvain (Francisco) apporterait plus de complémentarité que si on avait inclus Nadir. »
Forfait de Poirier, refus de Diabaté : casse-tête dans la raquette
L'arrière de 23 ans, devenu une vraie figure du basket parisien et bénéficiant même d'une notoriété nationale, joueur le plus ovationné à Bercy samedi soir, sortait d'une saison de rêve, tant en Euroligue (meilleur jeune, 15,1 points) qu'en Championnat de France (18,2 points, meilleur marqueur de Betclic Élite), terminée sur le premier sacre de l'histoire du Paris Basketball, également vainqueur de la Coupe. Le natif de Strasbourg était particulièrement apprécié de Fauthoux depuis le début de la préparation et semblait tenir la corde d'une première phase finale pour sa capacité à créer son propre tir.
Mais après une sortie à 14 points en 16 minutes contre le Monténégro (81-75), et malgré un bon match à Badalone contre l'Espagne (7 unités en 13 minutes, 67-75), l'ancien Portelois a fait les frais de son inconstance (0/3 en 5 minutes samedi), et surtout du niveau affiché par son concurrent Francisco, en pleine lumière dans les deux victoires contre la Roja (7 points, 4 passes et 2 interceptions en 12 minutes de moyenne).
A l'intérieur, un risque assumé
« Je suis heureux mais je reste les pieds sur terre », disait le meneur du Zalgiris Kaunas, dont la seule phase finale avec les Bleus, le Mondial 2023, s'était soldée par une grosse déception (élimination au premier tour). « Ça fait mal pour Nadir, a-t-il confié. Personne n'aimerait être à sa place. Mais tu ne peux rien dire. Il n'y avait pas de bon ou mauvais choix. Tout le monde était performant. Connaissant Nadir, je suis sûr que ça va le motiver. Cela ne doit pas l'éteindre. Je vais en parler avec lui. De notre côté on a un objectif à accomplir. Il faut rester concentrés. »
Les Bleus clament vouloir une médaille. Il faudra aller la chercher dans une configuration singulière, avec une raquette dépeuplée. Confronté à une incroyable pénurie - Victor Wembanyama, Rudy Gobert, Mathias Lessort, Moustapha Fall et finalement Poirier, tous blessés ou indisponibles -, Fauthoux a opté pour un dispositif à seulement quatre intérieurs de métier (Mouhammadou Jaiteh, Jaylen Hoard, Alexandre Sarr et le capitaine Guerschon Yabusele), l'ex-Monégasque Jaiteh étant le seul pivot de référence. Les Bleus vice-champions olympiques l'avaient fait l'été dernier, mais avec trois pivots dominants et Nicolas Batum en ailier-fort pigiste de luxe.
« On voulait quelqu'un qui puisse apporter de suite, et fort, ou qui s'inscrivait dans une perspective d'avenir »
Frédéric Fauthoux, sélectionneur des Bleus
Le sélectionneur a bien tenté de rappeler Moussa Diabaté, présent en début de préparation. Il s'est heurté au refus du joueur de Charlotte, qui s'est sans doute autodisqualifié pour de nombreuses années sous le maillot bleu. « On voulait quelqu'un qui puisse apporter de suite, et fort, ou qui s'inscrivait dans une perspective d'avenir, décrypte Fauthoux. On a envisagé plusieurs scenarii, les joueurs annoncés forfaits (Wembanyama, Gobert, Lessort) ou les jeunes prospects (Beringer, Raynaud). Mais une fois épuisées les options deux ou trois, on ne pouvait pas descendre plus. On a privilégié le groupe construit jusque-là. »
En décalant Yabusele au pivot par séquences - « Je l'ai fait cette saison en NBA et au Real Madrid », validait le capitaine -, le technicien devrait combler une partie des carences. « Ce sera différent de ce qu'on a imaginé en début de campagne, acquiesçait-il. On va peaufiner. La force de cette équipe, c'est sa faculté à être agressive défensivement. En attaque, ça ne posera pas de problème particulier. Le jeu qui est produit en Europe et dans le monde est plus tourné vers le "small ball". »
Une philosophie qui volerait en éclats si, lors de la dernière semaine de préparation, avec un dernier amical à disputer en Grèce (le 24 août), - ou pire, pendant le premier tour de l'Euro - une nouvelle blessure devait survenir. Le staff, qui n'a pas prévu de partenaire d'entraînement en Grèce, priait très fort dimanche en ce sens. Car à l'Euro, sa raquette partira sans filet.
Le parcours atypique de Moussa Diabaté qui a dit non aux Bleus